L’actrice réalisatrice Hafsia Herzi envahit l’écran d’amour avec Tu mérites un amour, son premier long-métrage percutant et peu couteux.
La réalisatrice nous percute en plein cœur, réanimant notre passé, notre instinct de survie, notre rage, et l’envie de comprendre. Lila ne sait plus qui elle est après la violente rupture qu’elle vient de vivre avec son petit ami. Tromperie, mensonge, décision ; Lila est face à elle même, desespérée, jusqu’au jour où celui qu’elle ne voyait pas, lui dit “Tu mérites un amour“. Quelqu’un a t-il déjà voulu la rendre heureuse ? Inspirée du poème Tu mérites un amour de Frida Kahlo, Hafsia affirme qu’elle a toujours voulu filmer une histoire d’amour pour comprendre ce chagrin si particulier, celui qui rend parfois malade, celui contre lequel on lutte pour rester en vie. “Je voulais raconter ce moment où tu perds toute confiance en toi, où tu ne sais plus qui tu es. Tu te sens mourir ou tu souhaites la mort de l’autre, c’est violent et humain à la fois” avoue la réalisatrice.
La spontanéité du film véhicule une pureté et une profondeur immédiate, le tout enveloppé d’une extrême délicatesse. La caméra, fluide elle aussi, saisit en douceur l’éventail des ressentis amoureux. Des dialogues parfois burlesques donnent un rythme et un ton très contemporain au film.
En juillet dernier, Hafsia se lève un matin, prise d’une pulsion incrotrôlable, une envie de tourner tout de suite, sans contrainte, à l’instinct comme elle le dit. Elle a les découpages en têteet réunit en quelques jours une équipe de novices motivés. Liberté, adaptation, détermination, et des comédiens sincères pour réussir son film. Elle n’a tourné que 15 jours pour un budget total de 1000€.Lors de sa première projection mondiale cette semaine à la Semaine de la critique, la réalisatrice révèle que le film était encore en montage quand elle l’a envoyé. « Je n’avais rien à perdre, je me suis dit au pire, on a un film » dit-elle en souriant.
Très jeune, Hafsia déjà écrivait des petites histoires, elle dit avoir tout appris en observant Abdellatif Kechiche . Elle s’est lancée en 2010 avec un premier court-métrage,Le Rodba, en séance spéciale à la Semaine de la Critique. « Quand j’ai vu le boulot que ça représentait pour un résultat aussi court, je me suis dit la prochaine fois, ce sera un long ! ».
Cannes 2019-1H42-première mondiale
En salle le 11 septembre 2019