Les ondulations de sa voix sont à l’image de ses boucles vibrantes. L’artiste israélienne sera sur la scène du Châtelet le 28 février. Une aubaine pour frémir aux sons de sa multiplicité, de son énergie contagieuse et de son hommage à la musicalité de son pays.
L’automne souffle déjà sur Paris et sur l’une de ses prestigieuses adresses, l’avenue Montaigne. C’est là que se situe le Plaza Athénée. Noa nous reçoit chaleureusement dans sa suite, entourée de son équipe et de son fidèle complice, Gil Dor. La silhouette fluette de la chanteuse contraste avec sa forte volonté, qui la pousse à explorer de multiples ressources musicales. Son nouvel album, Classic Noa, en est un parfait éventail. Il regorge d’émotions bariolées et d’une nostalgie, qui prend racine en Israël ou en Italie. Le tout fabuleusement orchestré par de nombreux musiciens. Rencontre avec une bella sabra.
En ouverture de votre dernier album, Classic Noa, vous citez le poète Tchernichovsky : « L’âme de l’homme n’est que l’empreinte du paysage de son enfance. » Comment la vôtre vous a-t-elle façonnée ?
Noa : J’ai fait très tôt l’expérience de la diversité, puisque ma famille a déménagé d’Israël vers les Etats-Unis. Impossible d’avoir un esprit étroit lorsqu’on grandit à New York, entre des grands-parents yéménites, des ashkénazes, des juifs et des non-juifs. La découverte du rock et de la pop des sixties a été jubilatoire. Le fait de baigner dans des musiques cosmopolites a eu un grand impact sur mon futur travail. Petite fille, j’étais si introvertie que je vivais dans les livres. La rébellion est venue à adolescence, lorsque j’ai suivi mon amoureux en Israël !
Quel est votre regard sur la musique israélienne, à laquelle vous rendez hommage ?
Le premier CD de ce triptyque va de 1930 à 1980. Il se veut le reflet de l’Etat d’Israël cherchant son identité. Un Etat qui donne naissance à une nouvelle langue, issue de la Bible. Dire que ce sont les poètes qui ont rendu l’hébreu si vivant. Les chansons de cette époque témoignent de la pluralité et des challenges de vie des Israéliens : la guerre, l’immigration, les kibboutzims et l’envie de fonder une nouvelle identité. Il y a quelque chose d’unique dans cet esprit, désireux de bâtir une société inédite. Notre judéité est notre culture. Ces ballades classiques font partie du cœur des Israéliens, alors il m’est important de les partager à l’extérieur du pays. On me qualifie de « drôle d’oiseau », tant je ne suis pas dans la stratégie, mais dans l’envie de faire plaisir.
Qu’en est-il de la musique classique qui nourrit votre album ?
Mon enfance n’a pas été marquée par l’écoute du répertoire classique, mais cette musique est juste merveilleuse. La fusion avec un orchestre symphonique a permis à mon acolyte, Gil Dor, d’imaginer une variété de sons qui embrasse toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et enrichit profondément mes chansons. Elles se prêtent aussi, tout naturellement, à une association avec le Solis String Quartet. De par leur façon unique de jouer, il les intégrer à notre univers.
Un univers où la terre d’Israël reste très présente. Pensez-vous que la chanson « shalom shalom » prendra un jour corps dans la réalité ?
En tant que rêveuse, je ne peux qu’espérer que mon pays parvienne à une résolution de paix. La peur anime tellement notre quotidien, qu’il est parfois difficile d’y respirer. C’est si dur d’avoir constamment une Epée de Damoclès au-dessus de sa tête. Comment ne pas espérer pouvoir vivre normalement ? J’avoue avoir parfois du mal à rester optimiste… Mon rêve consiste non seulement à assister à cette concrétisation, mais aussi à pouvoir chanter lors de la signature des accords de paix.