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Littérature

L’épée de l’Université de Jérusalem

« Vous en connaissez un ? » « Un mec légendaire. Les gens de sa partie l’appellent le Dabe et enlèvent leur chapeau rien qu’en entendant son blase. Une épée ! Les gens de sa partie enlèvent leur blase en entendant son nom. »

C’est ainsi que Bernard Blier répond à Antoine Balpêtré en parlant de Jean Gabin dans Le cave se rebiffe (1961). De l’avis de tous, de ses amis et opposants, de ses compagnons de route, lecteurs familiers et téléspectateurs lointains, Jean d’Ormesson est une épée. Un objet que le lauréat du Prix Scopus 2013 accompagna lors de sa première visite à l’Université de Jérusalem 1973. En tant qu’académicien, il venait déposer l’épée qui avait appartenu à son camarade du quai de Conti, Joseph Kessel.

Pendant que Jo et son frère s’initiaient à l’écriture, aux arts et aux paradis artificiels avec Marcel Dalio et Pierre Brasseur au début des années 30, le petit Jean d’Ormesson découvrait les hordes de nazis défilant dans les rues de Munich où son père était en mission diplomatique. Quelques années plus tard, comme le rappela Bernard-Henri Lévy lors de son discours prononcé en l’honneur de Jean d’Ormesson, l’enfer de la guerre provoqua des alliances qui auraient pu sembler artificielles, celle du Général de Gaulle avec la poignée d’hommes qui le rejoignirent à Londres dès son fameux appel. Quelques aristocrates, juifs et bretons. Bernard-Henri Lévy évoqua aussi un texte de Jean d’Ormesson sur Simone Veil, où il déclara admirer chez elle sa volonté de survivre et de revivre.

Cette revanche de la vie, l’Université Hébraïque de Jérusalem la transforma en quête du savoir, au profit de l’individu et de la société. Dans un film diffusé lors de la soirée, on aperçu quelques personnalités lauréats du Prix Scopus : Charles Aznavour, Bill Clinton, Philippe Labro, Robert Badinter et Steven Spielberg.

Martine Dassault, la Présidente de l’UHJ-France et le Professeur Isaiah Arkin, le Vice-Président de la Recherche et du développement à l’UHJ accueillirent sur scène Jean d’Ormesson. Cela, en compagnie de précédents lauréats : Philippe Labro, Bernard-Henri Lévy, Roman Polanski et Beate et Serge Klarsfeld. Le lauréat 2013 partagea différentes anecdotes sur des écrivains juifs qui l’ont marqué : Proust, Berl et Singer. Mais c’est surtout son insatiable curiosité et son enthousiasme qui marquèrent le public présent. Cette volonté de ne jamais tuer l’enfant en soi, mais de lui donner l’épée du savoir pour comprendre et affronter l’Histoire.

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Ariel Wizman et Sophie Brafman, qui animèrent la soirée, s’accordèrent avec la salle pour dire que ce soir-là tout le monde était Marxiste, tendance Thierry. Le célèbre chef cuisinier orchestra la soirée en plusieurs temps et mouvements gustatifs, basés sur ces saveurs trouvées en Israël. Sur les écrans de la salle on aperçu Thierry Marx visitant l’Université et sa cafétaria de Sinatra, où se déroula en 2002 l’attentat qui tua David Gritz. Sinatra, où l’ancien étudiant des années 90 que je suis fut étonné de découvrir la même personne en charge du restaurant et les mêmes plats servis avec autant de sauce que de viande. Et l’élégance de Thierry Marx de déclarer avec moins de sévérité qu’à la télé que la nourriture y était très bonne.

De la cuisine moléculaire aux microprocesseurs, il n’y avait qu’un pas à faire dans le futur envisageable. Car une des grandes motivations de la soirée fut aussi la collecte de fonds destinés au plus grand centre de recherche sur le cerveau au monde qui se construit actuellement. Comme le déclara Yossi Gal, l’Ambassadeur d’Israël en France, faire face aux défis ne requiert pas seulement une force militaire, mais une volonté de savoir et d’encourager le développement humain. Des collines de Yad Vashem à celles d’Har Hatsofim, l’Histoire et la volonté de ne pas la subir et de lui redonner un sens, se mêlent cette population de quêteurs spirituels et chercheurs scientifiques qui composent Jérusalem. Israël fut le premier pays à disposer d’un orchestre philarmonique avant son indépendance. Il sera peut-être aussi le premier à découvrir grâce à ce centre les mystères du cerveau humain. Pour plus d’informations sur le centre, voici le lien de l’UHJ : elsc.huji.ac.il