Pressé par une économie à bout de souffle après des années de sanctions et devant justifier son image de « modéré », le gouvernement iranien multiplie les déclarations de bonnes intensions sans pour autant duper ses interlocuteurs.
Téhéran veut et aura son armement nucléaire. Sur ce point le discours de la République islamique demeure inchangé mais la façon de le marteler connaît une légère inflexion. Le ministre iranien des Affaires Etrangères a ainsi déclaré que son pays souhaitait « lever les inquiétudes » de la communauté internationale sur ce programme. « Il y a deux principes dans le domaine nucléaire. Tout d’abord le respect de nos droits en matière de technologie nucléaire, notamment l’enrichissement d’uranium, ensuite lever les inquiétudes internationales », a expliqué Mohamad Javad Zarif, dont le ministère est désormais chargé de mener les négociations avec les Occidentaux. Une décision du président Rohani interprétée comme un nouveau signe de la volonté du gouvernement de résoudre cette crise par la voie diplomatique. « Lever les inquiétudes internationales est dans notre intérêt car les armes atomiques ne font pas partie de la politique de la République islamique. Par conséquent notre intérêt est de lever toute ambiguïté à propos du programme nucléaire du pays», a-t-il insisté. Des propos qui vont dans le même sens que son prédécesseur et actuel chef de l’Organisation de l’énergie atomique iranienne qui n’a pas écarté une éventuelle ratification du protocole additionnel au Traité de non-prolifération qui permet des inspections surprises des sites nucléaires.
Rien n’a toutefois été encore décidé et un indice supplémentaire prouve que Téhéran continue à souffler le chaud et le froid. Si une rencontre est bien prévue entre le ministre iranien et Catherine Ashton, le chef de la diplomatie de l’Union Européenne qui représente le groupe 5+1, fin septembre à New York, les négociateurs européens ont reconnu ne pas encore savoir qui seront précisément leurs interlocuteurs lors de ce rendez-vous.
Parallèlement à ce flou diplomatique plutôt gênant, Mohamad Javad Zarif utilise les réseaux sociaux pour étoffer l’image de modération qu’est sensée incarner cette équipe gouvernementale. Il a ainsi souhaité ses bons vœux à l’occasion du Nouvel An juif sur son compte Twitter après avoir affirmé, sur sa page Facebook, que Téhéran condamnait le massacre des Juifs par les Nazis durant la seconde guerre mondiale. Des sorties qui tranchent d’avec celles de Mahmoud Ahmadinejad mais qui ne trompent pas Benjamin Netanyahu. Le Premier ministre israélien déclarant ne pas être « impressionné par des vœux venant d’un régime qui la semaine dernière encore a menacé de détruire Israël », ajoutant que « le régime iranien ne sera jugé que sur ses actes, pas sur ses vœux dont le seul but est de détourner l’attention ».