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Sorties

Le Marais des années 70

Originaire du Brésil, Alécio de Andrade posa ses valises à Paris en 1964. Âgé alors de 26 ans, il devait y rester jusqu’à sa mort en 2003. Photographe, notamment en tant que reporter de presse, mais aussi poète et pianiste, il promena son regard dans le quartier du Marais et réalisa toute une série de photos entre 1974 et 1975. Certaines sont des images furtives, spontanées où l’on s’arrête sur le regard d’enfants ou de jeunes hommes souriants ou graves, d’adultes aux yeux plus mélancoliques ou affairés. Alécio de Andrade a souvent laissé faire le hasard pour capter une scène où les gens se croisent, s’occupent ou discutent sur un trottoir. C’est la vie d’un petit peuple de la capitale qui se déroule à différents numéros de la rue de Rosiers et dans les rues environnantes avec la boucherie de Michel Hayot, la boulangerie Finkelsztajn, chez Klapish, le charcutier ou encore chez Raymond, restaurant de couscous qui a des airs de guinguettes quand des clients se mettent à danser. Les voitures, les habits, certaines affiches datent ces photos, nous transportent près de quarante en arrière avec une certaine nostalgie. Mais bien d’autres paraissent intemporelles révélant le quotidien particulier de la communauté juive tels les moments d’étude à la synagogue des Tournelles ou ce mariage célébré par le rabbin Charles Liché, à la synagogue de la place des Vosges.

La grande Histoire n’est pas absente avec des imagesprises lors du 30e anniversaire de la libération d’Auschwitz, le 27 janvier 1975 à la synagogue de la Victoire et au mémorial de la Shoah. Le photographea saisi la gravité du visage de Simone Weil et tant d’autres dont on devine qu’ils sont aussi des rescapés se recueillant, mais appelant aussi à ce que la vie continue tels ces deux déportés posant à une table de café… La photo prise au Mémorial des Martyrs de la Déportation avec ses fines silhouettes noires sur le mur blanc est peut-être la plus belle dans sa composition et impressionnante par tout ce qu’elle évoque symboliquement.

Cette exposition de 65 clichés nous rappelle enfin quela capitale doit son caractère, son originalité à ses différents quartiers. Aujourd’hui, une partie du Marais a changé, mais la place de la communauté juive reste importante, soucieuse de préserver son identité tout en s’ouvrant pour mieux se faire connaître. Le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme invite ainsi à prolonger sa visitepar une promenade dans les lieux photographiés. Se perdre dans les petites rues et ne pas oublier qu’une ville n’existe toujours qu’à travers ses habitants.

 

Rue des Rosiers, Le Marais juif, 1974-1975

Photographies d’Alécio de Andrade
Jusqu’au 6 octobre 2013

Musée d’art et d’histoire du Judaïsme
Hôtel de Saint-Aignan
71, rue du Temple
75003 Paris

www.mahj.org